NKUNDA ET KABILA MEME COMBAT
De par la fraternité d’armes passée entre
le criminel Nkunda et le président Joseph Kabila, une certaine opinion
a toujours pensé que ces deux hommes agissaient en complicité, ou à
tous les moins, poursuivaient le même objectif au Nord-Kivu : celui
d’assujettir les hutus de Rutshuru et de Masisi, à défaut d’en faire
des complices dans la domination des autres ethnies du Kivu.
Ensemble
ils sont entrés en République démocratique en 1996 sous l’encadrement
de l’armée rwandaise pour, en réalité, y nettoyer les camps des
réfugiés rwandais, et accessoirement installer feu Laurent Kabila au
pouvoir à Kinshasa.
Au passage, ils ont ensemble, à tout le
moins l’armée qu’ils servaient tous les deux, participé au massacre de
l’élite hutu de Rutshuru, Masisi et Goma, l’accusant d’avoir soutenu
les réfugiés hutu du Rwanda coupables, selon eux, du terrible génocide
commis dans ce pays en 1994.
C’est ensemble aussi qu’ils étaient
à Kisangani dans leur chasse effrénée contre les réfugiés rwandais
ayant survécu aux massacres des camps de réfugiés. En tout cas, c’est
Nkunda lui-même qui révèle qu’il était en charge, notamment, de la
sécurité de Joseph kabila à Kisangani en 1997.
Se sont-ils perdus de
vue depuis lors ? C’est possible, même s’il est permis d’en douter. En
effet, les décisions du président Kabila face à la dissidence du
criminel Nkunda déroutent toujours les observateurs avisés. La plus
récente fut celle de repousser l’ultimatum qui lui avait été accordé
pour déposer les armes ou subir le feu des forces armées loyales. Cet
ultimatum a été repoussé au moment où ce criminel venait de perdre la
plupart des positions qu’il occupait. On observe que les quelques
positions qu’il garde encore sont situées dans les montagnes
inaccessibles de Masisi, ou alors à la frontière du Rwanda, dans la
zone de Rutshuru, plus précisement à Jomba, du côté de Bunagana et
Runyoni. C’est-à-dire, dans ce dernier cas, à un endroit d’où il peut
vite se mettre à l’abri dans un pays voisin, mais aussi une frontière
qui lui permet de recevoir des renforts, en hommes, armes et munitions.
On
se souviendra que dans les situations antérieures de combat, les
décisions de Kabila ont toujours permis à cet individu de sauver la
face, et ensuite de se réorganiser pour mieux narguer les Congolais,
dont pourtant il prétend être.
En effet, lors des combats
précédents en janvier/février 2007, ce sont des responsables de la 8e
région militaire au Nord-Kivu, qui affirmaient que des ordres auraient
été donnés aux militaires des forces armées loyales de ne plus se
battre à Jomba contre les rebelles de Nkunda. C’est au cours du même
épisode qu’ à Sake, ordre avait été donné au colonel Mayanga de ne plus
se battre, alors qu’il était entrain de défaire les hommes de Nkunda.
Il fut même rappelé à Kinshasa. De la même manière, le général Budja
Mabe avait dû arrêter les combats après qu’il ait pris le dessus sur
les rebelles Mutebusi et Nkunda lors de leur tentative d’occupation de
la ville de Bukavu. A Kanyabayonga, quelques mois plus tard, les
affrontements s’étaient terminés dans des circonstances identiques.
Voilà
donc une partie des raisons qui font penser qu’au-delà du soutien non
dissimilé du Rwanda, le criminel Nkunda bénéficierait aussi de la
complicité du Président de Joseph Kabila.
Jusqu’à quand
acceptera-t-on que la population du Nord-Kivu, et tout spécialement les
hutus de Masisi, Goma et Ruthuru continue à assouvir la soif de pouvoir
de Nkunda et de tous ceux qui le soutiennent ? De Jomba où, ce 20
octobre, les Hutu de cette contrée viennent encore d’être poussés sur
les chemins de l’exode, de la faim, de la soif, des intempéries, bref,
sur les chemins de la mort, ceux qui sont déjà morts disent que c’est
assez. C’est assez parce que la terre ne peut plus continuer à
accueillir continuellement d’autres cadavres. C’est assez, parce qu’il
y a un moment où ceux qui prétendent lutter pour leur acceptation par
les autres ethnies, finiront par atteindre le résultat inverse, et ce
de manière irréversible. De grâce, jetez vos armes si vous aspirez à
une éventuelle réconciliation.
Sebahutu Tabara