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BANA CONGO
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10 novembre 2008

Quel est le sens du combat de l'ex-général Nkunda? Quel rôle joue le Rwanda dans ce conflit?

1. Que fait la MONUC ? Au lieu de continuer à dépenser des milliards de dollars pour l'ONU pour rien, la communauté devrait aider le Congo à faire rentrer toutes les forces négatives rwandaises au Rwanda. Est-ce vraiment difficile pour la France, les USA à faire rentrer les interhamwés chez eux? Il ne suffirait même pas d'un mois de confrontation. Je ne pense pas...je pense seulement que les occidentaux se complaisent de la situation actuelle au Congo.

A. Z. Evidemment, c’est une option, mais Bob Denard est mort et nous ne sommes plus à l'heure où les Etats viennent faire le coup de feu en Afrique. Les organisations internationales, telles que les Nations unies, l'Union africaine ou l'Union européenne, ont cela dans leurs attributions. De plus, je ne pense pas que les pays voisins du Congo, et particulièrement le Rwanda, souhaiteraient voir des troupes françaises déployées dans le nord-Kivu qui leur est frontalier. Enfin, depuis l'expérience malheureuse de leur intervention en Somalie, au début des années 90, les Etats-Unis n'ont pas montré d'intérêt à participer à des opérations de maintien de la paix en Afrique.
Ceci étant, je comprends votre désarroi par rapport à l'action des Nations unies (Monuc) mais l'organisation a, dans ses attributions, la protection des civils et le soutien à l'armée congolaise. En réalité, le Congo s'est engagé auprès de ses voisins à désarmer les rebelles hutus rwandais du FDLR. Il revient au Congo et aux pays de la région de trouver une solution afin de mettre un terme à leur présence dans l'est du Congo. Que ce soient les Nations unies ou une autre organisation régionale, elle ne peut intervenir qu'en soutien.
Est-ce que les occidentaux se complaisent dans la situation actuelle au Congo ? Pourquoi ? Pour avoir un levier militaire contre le président Kabila ? Peut-être, mais rien ne permet de le prouver.
Je vous rejoins pourtant sur l’importance du désarmement des milices hutues rwandaises pour que la région retrouve la paix.

2. Qui soutient Laurent Nkunda ?

A. Z.Laurent Nkunda est un tutsi congolais du Nord-Kivu. Comme de nombreux membres de sa communauté, il s'est enrôlé dans les rangs du front patriotique rwandais au début des années 90. Il a marché sur Kigali aux cotés du général major Paul Kagamé, devenu président du Rwanda depuis lors. Il a plus tard joué un rôle important au sein du mouvement rebelle congolais RCD, soutenu par le Rwanda. Mais il est resté en-dehors de l'accord de paix.
Aujourd'hui, il arrive que des déserteurs venus du Rwanda quittent les rangs de Laurent Nkunda pour rejoindre la Monuc. C'est vrai que lui et ses hommes sont bien armés. On peut supposer qu'il s'approvisionne au Rwanda où il a gardé des contacts très hauts placés en raison de son parcours. 
Ceci étant, le Rwanda et le Congo ont récemment réitéré leur engagement à ne pas soutenir des groupes armés hostiles à l’autre. Dés lors que rien ne permet de prouver un soutien militaire du Rwanda à Laurent Nkunda, c’est difficile de soutenir de telles accusations.

Comment dans un pays si pauvre ce Kunda peut-il se fournir en armes ?

A. Z.Lors de la prise de la ville de Bukavu par ses hommes en Juin 2004, des embarcations chargées d’armes avaient été vues sur le lac Kivu, faisant la route entre le Rwanda et le Congo. Depuis lors, le Rwanda s’est engagé à ne pas soutenir Nkunda, mais tant que les rebelles hutus rwandais du FDLR sont actifs au Congo et que la jeuen armée congolaise, composée elle-même d’anciens groupes rebelles, n’a pas prouvé sa capacité organisationnelle, on peut supposer que la présence de Nkunda arrange le Rwanda, de là à penser que le Rwanda continue à fournir des armes à Laurent Nkunda, il n’y a qu’un pas, mais une fois encore, sans preuve, on ne peut pas faire d’accusations.

(Charles) Est-il vrai que Laurent Nkunda possède le soutien de Kigali, de certains groupes financiers du Nord Kivu, de groupes religieux, Supermatch, compagnie tabacicole de goma, compagnie aérienne Gomair, l’Evêque de Goma, et nombre de religieux de ce diocèse, le lobby de Kigali sans doute ?

(adonis phuati) Qui protège Laurent Nkunda ?


A. Z.
Rien ne permet de le prouver

3. La situation des différentes ethnies au Kivu

(Marie Maude) Si les médias donnaient plus la parole et reflétaient plus les problématiques liées à la présence des FDLR pour tous les groupes ethniques des Kivu alors on pourrait commencer à réellement déstabiliser Nkunda et déconstruire son discours de la haine.


A. Z.
Nombre d’experts indépendants partagent votre point de vue. Ils pensent qu’il faut revenir à la genèse du problème : la présence des FDLR, afin d’y trouver solution et de régler les problèmes qui découlent de cette question initiale. A travers nos reportages, nous sommes déjà allés à la rencontre des groupes Mai Mai congolais, des FDLR rwandais, du groupe de Laurent Nkunda et des autres parties impliquées dans le conflit. C’est une manière de présenter les différentes facettes du conflit.
Ceci étant, il est indéniable que les Congolais n’y sont pour rien dans la présence des Hutus rwandais sur leur sol. Ils ont profité de l’opération turquoise, en 1994, pour fuir du Rwanda vers l’Est du Congo. Malheureusement, aujourd’hui la situation est ce qu’elle est et cela ne dispense pas les Congolais de participer à la mise en place d’une solution durable.

(Jean-Paul Ngoyi) Que vont devenir les tutsis congolais reconnus d’avant 1960 ? Nkunda n’étant nullement leur leader (il s’était autoproclamé), pensez-vous que le gouvernement congolais peut les protéger au même titre que les autres ethnies du Congo ?

A. Z.La constitution congolaise reconnaît la nationalité congolaise aux membres de toutes les communautés présentes sur le sol congolais au moment de l’indépendance en 1960. La loi protège donc les Tutsis. Mais sur le terrain, les années d’occupation rwandaise et la brutalité du groupe rebelle congolais soutenu par le Rwanda RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie), et notamment des hommes commandés par Nkunda qui ont tué plus de 160 civils congolais lors d’une répression à Kisangani en Mai 2002 ou qui ont commis des crimes et viols à Bukavu en Juin 2004, ont laissé un ressentiment anti-tutsis chez de nombreux Congolais. Cela vient s’ajouter à des problèmes fonciers qui existaient déjà dans l’Est du Congo.

Ceci étant, l’histoire démontre que les génocides sont toujours orchestrés par les Etats. Au Congo, il n’y a aucune volonté affichée de l’Etat congolais de commettre un génocide. Le discours officiel promeut la réconciliation. Il appartient au gouvernement congolais de les protéger, de leur redonner confiance en organisant correctement l’armée et aux tutsis d’accepter de rentrer dans le giron national.

4. Et enfin, Tony qui veut tout savoir

Que pensez-vous de la cause Nkunda et de sa légitimité ? Comment le gouvernement peut-il accommoder ses demandes s’il tient à négocier l’arme au poing ? La région du Nord-Kivu ne serait-elle pas plus calme si Nkundistes et Interhamwes étaient neutralisés, de gré ou de force ?

A. Z.Bien sûr, mais il appartient à l'armée congolaise de désarmer tous ces groupes. Or, sur le terrain, on constate des relations cordiales entre militaires congolais et miliciens Mai-Mai, voire avec des responsables du FDLR. Certes, cela ne veut pas dire que l'armée congolaise soutient le FDLR. Mais cela est de nature à inquiéter la communauté tutsi. Il revient aux autorités politiques de renforcer l'organisation et l'entrainement de l'armée nationale afin qu'elle soit en mesure de désarmer toutes les milices et de protéger tous les civils du Nord-Kivu.

Comment pensez-vous que les choses vont se passer après le 15 octobre et quelles sont vos recommandations ? Je vous considère comme un expert sur les lieux et j’ai hâte de lire votre réponse.

A. Z.Bonjour Tony, merci pour ces compliments. Le gouvernement a donné un nouveau délai aux hommes de Nkunda afin d’obtenir d’avantage de redditions parmi ses troupes. Mais Nkunda demande un dialogue et des réponses de la part du gouvernement sur les questions du retour des réfugiés congolais tutsis qui vivent dans des camps au Rwanda depuis le début de la guerre au Congo, et sur le désarmement des rebelles hutus rwandais qui sillonnent l’Est du Congo.

Le gouvernement était censé organiser un tel dialogue depuis plusieurs semaines, – non pas avec Nkunda mais avec des représentants locaux des différentes communautés du Nord Kivu –mais on ne voit toujours rien venir. Si ce dialogue a lieu et qu’il associe des représentants qui ont une autorité sur les jeunes de la région, je pense qu’une résolution pacifique de la crise sera possible. Mais le gouvernement congolais aura aussi intérêt à renforcer ses relations avec le Rwanda et l’Ouganda afin de leur donner les garanties de paix qu’ils attendent, notamment concernant le désarmement des rebelles hutus rwandais ou encore concernant le retour de réfugiés tutsis. Sur cette dernière question, on notera qu’une commission tripartite a été récemment mise en place entre le Congo, le Rwanda et le HCR. Il appartient à cette commission de permettre un retour des réfugiés.

La mise en place de projets frontaliers communs comme le projet d’extraction de gaz du lac Kivu frontalier du Rwanda et du Congo ou encore l’extraction pétrolière sur le lac Albert, frontalier du Congo et de l’Ouganda, voire la promotion du tourisme autour des gorilles des montagnes qui vivent dans la zone frontalière du Congo avec l’Ouganda et le Rwanda sont autant de projets qui devraient permettre de dégager des revenus pour les pays de la région, mais qui sont conditionnés à une paix durable et au dépassement de la haine et du ressentiment laissés par les années de guerre.

Si toutes ces garanties sont données, Nkunda et ses hommes perdront de leur force et ne représenteront plus une menace sérieuse.

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