NORD KIVU: LES REBELLES CONTRÔLENT DE NOUVEAUX VILLAGES, CIVILS EN FUITE

La mission de l’Onu au Congo (Monuc) a condamné les violations du cessez-le-feu de la part des groupes rebelles qui, ces dernières 48 heures, ont élargi la zone sous leur contrôle ainsi que les saccages et violences commis par les militaires dans plusieurs zones du Nord-Kivu en plein chaos. “Les affrontements armés survenus ces derniers jours ne font qu’aggraver la situation humanitaire, semant la panique au sein de la population civile, contrainte encore une fois de prendre le chemin de la fuite”, a déclaré à la MISNA le colonel Jean-Paul Dietrich, porte-parole militaires de la Monuc, précisant que de nouveaux accrochages se sont vérifiés hier à Rwindi entre des hommes des groupes d’autodéfense Maï-Maï (ex-partisans congolais à l’époque du conflit de 1998-2003) et d’autres formations armées ainsi que sur l’axe Kiwanja-Ishasha, au nord de Goma. Selon les médias congolais, pas plus tard que ce matin, les hommes du Congrès national de défense du peuple (Cndp), guidés par l’ex-général Laurent Nkunda, auraient pris le contrôle d’autres localités au nord de Rutshuru, dans des zones encore contrôlées quelques jours plus tôt par les Maï-Maï. Les mouvements de troupes du Cndp ont de nouveau poussé la population à prendre la fuite et des mouvements de civils ont été signalés dans les villages de Kisharo et Burumba, vers la localité de Nyamilima et près de la frontière avec l’Ouganda. Selon le curé de Nyamilima, de nombreuses familles cherchent refuge à l’église et l’hôpital local, craignant l’arrivée imminente des rebelles. Un porte-parole du Cndp a précisé aux micros de Radio Okapi, l’émetteur de la Monuc, que ces nouveaux mouvements ne représentent pas une violation de la trêve, limitée aux rapports avec l’armée régulière congolaise, absente de la zone intéressée. Cette justification ne semble pas convaincre la mission onusienne, qui a condamné les récentes actions des hommes de Nkunda. “Nous sommes en train de vérifier aussi les nouvelles provenant du nord de la région, relatives aux saccages – a ajouté Dietrich – mais il est clair que plusieurs violences ont été commises et que les responsables devront en payer les conséquences comme prévu par le code militaire”. Entre temps, à Rutshuru, fief de la zone sous le contrôle des rebelles du Cndp, la distribution d’aides de la part du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) a débuté aujourd’hui en faveur de quelque 100.000 personnes. Un porte-parole de l’organisation, Jaya Murthy, a précisé que des seaux d’eau, du savon et des couvertures ont surtout été distribuées pour tenter de conjurer la diffusion de maladies infectieuses comme le choléra, dont plusieurs foyers se sont déjà manifestés au nord de Goma, avec une centaine de cas de contagion.[