L'armée rwandaise dans le Kivu pour traquer les rebelles hutus

L'armée de Kigali est arrivée, ce mardi, près de Goma afin de combattre, aux côtés des forces de Kinshasa, les rebelles hutus rwandais réfugiés dans l'est de la RD Congo depuis le génocide rwandais de 1994.

Mardi 20 janvier 2009

AFP - La traque des rebelles hutu rwandais, réfugiés dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis le génocide au Rwanda de 1994, a commencé mardi avec l'entrée d'au moins un bataillon de soldats rwandais au nord de Goma, capitale provinciale du Nord Kivu.
   
De 800 à 1.500 soldats de l'infanterie rwandaise sont arrivés à Kibumba, localité proche du Rwanda à 35 km au nord de Goma, selon des sources militaires occidentales.
   
"Les troupes rwandaises sont entrées en action contre les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda (...). C'est la première étape d'une opération militaire conjointe entre le Rwanda et la RDC", a confirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, lors d'une conférence de presse à Kigali.
   
La ministre a cependant refusé de révéler le nombre de soldats rwandais engagés en RDC et la durée de l'opération.
   
Kigali et Kinshasa avaient annoncé le 5 décembre leur intention de combattre ensemble les FDLR, réfugiées dans l'est de la RDC depuis le génocide au Rwanda, et dont certains membres avaient participé aux massacres.
   
"Nous avons lancé une invitation à l'armée rwandaise qui est venue avec des officiers de renseignement. C'est ça leur mandat", a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende.
   
"C'est une opération menée par les FARDC (armée congolaise), appuyées par la Monuc" (Mission des Nations unies en RDC), a-t-il toutefois tenu à préciser.
   
L'armée rwandaise a notamment l'intention de se diriger vers Rutshuru (100 km au nord-est de Goma), territoire du chef historique de la rébellion à majorité tutsi du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), Laurent Nkunda, et où se trouve aussi l'essentiel des 6.000 hommes du FDLR, selon les sources militaires.
   
Les FARDC ont elles aussi reçu l'ordre de prendre la route de Rutshuru, selon les sources militaires occidentales. Cet axe était bloqué dans la matinée par les FARDC à la sortie de Goma, a constaté un photographe de l'AFP. D'autres forces congolaises ont été envoyées vers la région de Masisi, fief du chef d'état-major dissident du CNDP, le général Bosco Ntaganda.
   
La direction politico-militaire du CNDP, restée fidèle à Nkunda, a indiqué à l'AFP qu'elle "n'empêcherait" pas les armées congolaise et rwandaise de passer sur son territoire.
   
"Nous n'avons pas de problème avec les accords signés" entre la RDC et le Rwanda, a déclaré mardi le porte-parole, Bertrand Bisimwa, ajoutant que sa direction attendait "de trouver un accord politique avec Kinshasa" dans le cadre des négociations de paix de Nairobi, reportées au 25 janvier.
   
Le 16 janvier, une douzaine de commandants dissidents du CNDP, emmenés par Bosco Ntaganda, avaient déclaré unilatéralement la "fin de la guerre" contre les FARDC et annoncé leur intention de traquer les FDLR aux côtés des armées congolaise et rwandaise.
   
Bosco Ntaganda s'est entretenu mardi avec des chefs de l'armée congolaise, a constaté un journaliste de l'AFP.
   
Les FDLR, désormais très isolés, ont cependant affirmé à l'AFP ne pas craindre l'entrée de troupes rwandaises dans la région. "C'est confirmé, mais ça ne nous fait pas peur, ce n'est d'ailleurs pas la première fois", a indiqué à l'AFP le président des FDLR, Ignace Murwanashyaka, joint par téléphone en Allemagne depuis Nairobi.
   
La présence des FDLR dans l'est de l'ex-Zaïre est un des gros points de discorde entre Kigali et Kinshasa. Le Rwanda a régulièrement reproché à son voisin de les ménager et de les utiliser comme supplétifs de son armée.