Congo-Kinshasa: Cette photo de Lumumba a 50 ans...(DY)
LA VÉRITÉ SUR LA MORT DE LUMUMBA
http://www.youtube.com/watch?v=pUpEa3PKqNo
(Franco, Liwa ya Patrice)
Ceux qui ont assassiné le Premier Ministre Patrice Éméry Lumumba ont maquillé le scénario et produit un reportage cosmétique sur le récit de ce crime. Le jour du 17 janvier 1961, le but clairement avoué à l'atterrissage de la Luano, à Élisabethville, avec cette relégation du Premier Ministre marginalisé fut purement et simplement une exhibition du détenu à la face du monde pour dire aux Congolais "Ecce Homo", nous allons le tuer. Ma journée, à moi "Djamaa Ohé", car je témoigne de ce que j'ai vu, était une journée normale, j'étais habitué à aller jouer dans un bosquet d'une pépinière de notre propriété du "Quartier Bel Air". Cette partie de la ville est comparable à Binz à Kinshasa, à Bouge à Namur, à Radcliffe à Ottawa, pourquoi pas à la dimension de la petitesse de Lubumbashi de l'époque à "Beverly Hill" cette ville de Jean-Bosco Mwenda Wa Bayeke. Pourtant, mon insouciance n'était pas le reflet de l'expression faciale de mes parents. Quand mon père sortait pour faire ses courses domestiques, il avait l'habitude de me prendre dans sa Jeep de Police pour se rendre au quartier Bakowa, chez un Portugais nommé "Texeira". Les anciens d'Élisabethville doivent le connaître, c'était chez lui que nous nous approvisionnions en nourriture et en autres besoin de la maison. Mais ce jour-là, je n'étais pas allé à l'école je ne sais plus pour quelle raison, c'était un mardi, papa m'a amené autour de 16h 00 ou 16h 30 dans la direction de Rwashi pour nous retrouver à l'aéroport de la Luano.
Arrivé sur place, il me confie à un Policier qui sera celui qui va me ramener à la maison un peu plus tard. L'aéroport était très surveillé, il y avait beaucoup d'hommes en uniformes et en armes parmi lesquels plusieurs officiers suédois et Irlandais des Nations-Unies. À côté d'eux, c'était des officiers belges toute obédiences confondus, des soldats congolais nerveux et des policiers en grand nombre. Un avion atterrit, il semblait être celui que tout le monde attendait. Le reste de cette histoire, je l'ai raconté dans ce poème dont j'extrais deux paragraphes que je vais plus tard expliquer :
Lumumba,
Du DC 4 immatriculé 00-CBI arrivant de Moanda,
Il était 16 h 50 à Élisabethville, au Katanga, à Luano,
Tu sortais de l'avion d'Air Congo, société créée par toi,
Quand du tarmac, une meute d'uniformes du Congo-Belge,
Sur les officiers réfractaires de l'ordre déchu,
On te descendait d'un escalier ligoté comme Pougatchev.
Tu n'étais ni Attila, ni Néron, ni Hitler,
Tu étais seulement Lumumba,
L'homme libre qui a brisé les chaînes de la captivité.
Hélas, cela fut-là ta faute aux yeux de la Haute-finance internationale :
Alors, l'ONU te tourna le dos comme d'ailleurs Dag Hammarskjöld.
De la zone militaire aéroportuaire préparée pour te broyer sous la torture,
J'ai vu des mercenaires belges, sud-africains, rhodésiens s'agiter de joie,
Chacun voulant avant l'heure funeste porter un choc mortel sur ton être pacifié.
Les excités avaient l'arme au point et le JP bien chargé pour t'exécuter...
Pressés de t'humilier, les uns par la parole, les autres avec la massue des Romains,
La légion des assassins avait déjà tous les instruments de mort entre ses mains.
Tu étais condamné à la peine capitale et tu l'avais compris avant tout le monde.
Euh ! Cette peine augurait aussi le supplice de ton peuple;
Le Grand Canyon de la rivière rouge fut pressentie aux Grands-Lacs,
C'est là l'adresse des fins dernières du bain de sang.
Mais la sentence du Tribunal pénal contre les indépendances;
En l'absence de tout affidavit du Procurateur septentrional,
L'attente aura duré quarante ans afin qu'advienne l'ordre d'égorger :
Égorger plus qu'au DARFOUR,
Égorger plus qu'au KOSOVO,
Égorger plus qu'en BOSNIE :
Égorger tout ton Peuple du Vendredi-Saint,
Égorger plus de six millions d'âmes sans suaire ni ossuaire
Les Congolais, cette famille que tu as tant chérie. (...)
Source : Djamba Yohé, le 13 novembre 2007.
À la descente de l'avion immatriculé aux codes que je viens d'énoncer dans l'a propos élégiaque du poème de la vallée de la mort par la porte de la Luano, très vite et sans s'autoriser les bavardages rituels d'une exposition à la presse et à tout ce qui peut affaiblir la tension du moment, Patrice Éméry Lumumba fut emmenée dans l'Ouest d'Élisabethville, vers la résidence du Président provincial. En ce moment-là, je ne savais pas où se rendait ce cortège-là. Rapidement, mon père revint donner l'ordre au policier qui me gardait en me disant, tu as vu ton oncle comment il est ligoté ? ... Tu diras ce que tu vois à ta maman. C'était triste même si j'avais à peine huit ans. Puis, je suis revenu à la maison et j'ai compris que depuis deux jours, papa était au courant des discussions sur le transfert de Lumumba entre Bakwanga et Élisabethville. Bine après cela, il nous montreras à la fin du deuil une copie de télégramme du gouvernement central émis de Léopoldville, relatif à ce transfert qui adressait au Gouvernement katangais ces mots : "Nous vous envoyons un paquet de viande". Au CRISP et dans les Cahiers Congolais, qui sont aussi gardé en Belgique et à l'Université de Louvain, à l'Université de Liège, à l'ULB et les Archives Nationales de Belgique, voire au coeur des services Belges de Renseignement, il y a des documents qui atteste de ce que j'allègue.
Comme on n'en est pas encore à l'après récit de l'assassinat de Lumumba, il vaut mieux continuer à raconter ce qui reste à dire. Après m'être séparé de papa, je ne pensais plus qu'au sort de Lumumba et à ses deux compagnons puisqu'à là maison, maman m'a dit que ceux qui les tiennent vont le tuer, cette nuit même. Une ambiance de pré-deuil planait chez mes parents et nous tous, les enfants étions abattus. Quelques heures plus tard, sans doute autour de 9 heures du soir, un cortège de plusieurs autos s'arrêta devant ma maison. Papa entra, et de nouveau il met prit. Cet arrêt fut involontaire pour ce charroi de la mort, car devant ma résidence, il y avait une succession graduelle des bifurcations dont devait absolument s'enquérir le premier chauffeur du convoi pour aller dans la bonne direction. Mais en même temps, le hasard d'une coïncidence inattendue, voulue ou pas, a fait que ce lugubre cortège s'arrêté devant la résidence de mon père. La conjugaison des circonstances aidant, j'ai été pris par mon père pour l'accompagner au sinistre lieu de l'assassinat. Pour vérifier ce que je dis, qu'il plaise au chercheur de demander ou de découvrir l'itinéraire qu'avait pris le cortège des tueurs de Lumumba. Ce que je rapporte n'est pas vraisemblable, mais vraiment évident, la Délégation de la mort conduisant Lumumba à la fin de ses jours est passée sur l'Avenue des Plaines. Aussi, si du côté belge, on nie cette évidence, je mets au défi l'entité qui me fera cet affront du doute contre la vérité.
À l'heure de passer de ce monde dans l'au-delà, Lumumba garda la sérénité d'un homme qui sait ce qui l'attend et qui comprend qu'il n'y aura pas de rémission de peine quand bien même il n'a pas été jugé au préalable par une Cour de Justice pour qu'on le condamna ainsi. Ceux qui disent aujourd'hui que Lumumba était abimé mentent, l'homme au coeur de la crise congolaise artificielle est resté de marbre, mais ligoté. Et lorsqu'on arriva à lui pour l'humilier au cours de cette nuit une énième fois, Godefroid Munongo, montée par un excès de rage ne laissa pas aux railleurs faire quelques théâtre encore devant leur captif. Celui-ci tira du fourreau d'un Prévôté Militaire du Camp Major Massart sa bâïllonnette et l'enfonça dans la côte de Lumumba. C'est le seul instant que ce dernier paru souffrir et du coup, le "Colonel Huyghens" dégaina son révolver de type JP et tira sur la tête de Lumumba. Prétendre que Patrice Emery Lumumba a été ligoté puis abattu par une salve des balles tirées par des militaires congolais, c'est faux. Lumumba faisait bien peu pour être attaché un arbre pour y passer ses dernières heures. À son sujet, il circulait beaucoup des légendes et des histoires héroïques invraisemblables, celles, par exemple lui attribuant le pourvoir de disparaître. Les bourreaux belges étaient sensibles, mais ils voulaient aussi qu'il meurt par leurs propres mains. Et ce fut fait. Néanmoins, il n'empêche que je dise que Godefroid Munongo s'était montré très cruel à l'égard de Lumumba.
Il est impérieux que l'on sache que Lumumba n'est pas mort comme un chien, c'était un homme courageux et qui est mort dans un clame des dieux olympiens Son agonie ni convulsion due au poison de la bâillonnette. Les officiers de l'Armée belge et les officiels belges qui ont pris part à ce macabre rendez-vous étaient fébriles et contents de voir mourir Lumumba. Pourtant, leur joie a coup court quand Lumumba est mort. On espérait le voir pleurer, il n'a pas pleuré, on espérait le voir à genou, il ne s'est pas à genou, on a espéré le voir demander pardon et faire l'aliboron, rien de toutes ces courbettes et à plat-ventrisme il n'a concédé. Seulement, quand on constate que Lumumba est mort, une sorte de puissance invisible s'est saisi du lieu, les phares des véhicules militaires et les voitures des consuls et autres délégués occidentaux présents à ce lieu se sont éteintes. Le climax attendu n'a pas eu lieu, à la place, c'est un vent de panique qui a révélé à tout le crime odieux qui venait d'être commis. Et aussitôt, tout le monde s'est levé et a pris la fuite, il n'était resté de l'endroit que les criminels comme Louis Marlière, Gérard Soëte, le Colonel Huyghens et tous les autres auxiliaires qui n'étaient là que pour répondre aux ordres de supérieurs en tant que subalternes.
IV. LE DEUIL ET DES FUNÉRAILLES
http://www.youtube.com/watch?v=Dsl8j97GwxA&feature=related
(Allocution du 30 juin 1960, African Jazz, solo Papa Noël, 1965)
Cinquante ans après l'assassinat de Patrice Éméry Lumumba, le plus grand blâme que j'ai à faire aux excès précédents cet horrible crime, c'est le reproche que je fais à l'État congolais pour atteinte aux droits fondamentaux de la famille. Aussitôt après l'annonce de la mort de Lumumba, nous fûmes interdits de tenir deuil. À Léopoldville et dans les autres provinces, les membres de notre famille tinrent des deuils clandestins, car autour des maisons des nôtres connus comme proche de Patrice Éméry Lumumba, les soldats de l'ANC et les Policiers tournoyaient pour défendre à ce que l'on pleure le disparu. Une discipline glaciale et sèche fut imposées à tous les points de convergence de tous ceux qui ont une attache de descendance à la famille Lumumba, à sa collectivité et sa province. Ce comportement brimant, je l'ai revu le 2 juin 1966 imposé aussi aux familles des "Conjurés de la Pentecôte", il était interdit aux proches des personnalités pendues de tenir deuil. Dans tous les cas, c'était, en 1961, le Général Mobutu qui faisait exécuter cette loi, en 1966, ce fut pareille. Évidemment, il n'agissait pas seul, il y avait une hiérarchie de coordination pour faire valoir cette consigne aux groupes familiaux et ethniques visés.
Pourtant, cette mesure n'avait pas réussi partout. À Élisabethville, le deuil de Patrice Éméry Lumumba fut tenu par ma mère, la position de mon père dans la Province du Katanga était tel qu'il était difficile de nous intimider, mais ceux qui venaient au deuil, certains étaient molestés avant d'arriver chez nous. Aussi, quand les journaux belges disent que les Katangais ont jubilé, c'est faux cette version-là. Comme dans toute propagande, on a mis les gens que l'on voulait voir rire et dire des propos hostile à Lumumba pour se permettre l'extrapolation par une déduction catégorique fausse. Le plus grand nombre de ceux qui étaient au deuil chez nous, ce sont les voisins et leurs femmes ont pleuré. Des soldats katangais du Camp major Massart sont arrivés chez, certains étaient là pour nous épier et d'autres sont venus de bonne foi. Il n'en reste pas moins vrai que les conversations étaient controversés quant à savoir que cet assassinat fut une bonne chose ou pas. Tout compte fait, les Noirs et les Blancs du Katanga ont eu comme une sorte de court-circuit qui les a distingués en entité raciale distincte. À la Mort de Papa Louis-Richard Lumumba, j'ai rappelé ce chapitre par la manière dont nous avions vécu le deuil :
"Le prestige émerite de Lumumba a été fondu dans l'anthologie des noms immortels que l'histoire récupère dans sa galerie, le vôtre, trône sur la postérité familiale qui vous aura vu sur tous les registres de la survie de nos jeunes vies attendant tout de vous. Vous vous êtes occupé de mes deux petites soeurs dont l'une est déjà là où les Anges vous accueillent dans la vie éternelle. Et tout le temps que je venais vous voir à Kimbangu, ex-Foncobel, vous aviez toujours un sourire pour me dire les plus belles paroles qu'un parent adresse à un enfant qu'il porte au coeur. Hélas, je suis très loin de la Maison en cette heure de grande tristesse et j'ajoute la photo de Patrice Émery Lumumba pour l'afficher sur ma page requiem. C'est la seconde occasion que nous avons de pleurer les deux frères, car le premier, fils héroïque de la RDC n'a pas été pleuré comme il se doit. Papa, je ramène votre immortel aîné à l'écran de la mémoire, lui qui vous a condamné à être lui et fait transporter le fanion de ses Hauts-faits inachevés partout et, par le phénomène de transmutation du fardeau, vous a rendu vulnérable puisque vous étiez devenu du même coup la cible de ses adversités. Comme je ne veux pas manquer la mise à ce rendez-vous par la communication médiatisée, j'insère une page de la messe chanté en son honneur, en 1961, à Élisabethville par mon père qui a résussi à la faire dire, en l'Église Saint Boniface de la Commune Albert, messe célébrée par le Père David, aumônier des Policiers et accompagné par nul autre que l'organiste attitré de ce lieu, Joseph Kiwele, devenu Ministre de l'Éducation, de la province en conflit avec Léopoldville. Source : Djamba Yohé, le 15 juin 2009, hommage d'adieu à Papa Louis-Richard Lumumba.
Revenons aux moments immédiats après l'assassinant de Lumumba. Comme un vide de cimetière s'était fait sur le lieu du plus horrible crime commis contre la RDC par la mort de son Premier Ministre par des officiels belges agissant comme superviseurs dans ce complot, le corps de Lumumba est devenu un fardeau. Rien de tout ce qui se raconte n'est crédible ni vrai à savoir que les Corps de Lumumba, Okito et Mpolo avaient été enterrés, c'est faux et archifaux. Les Gendarmes Katangais qui étaient sur place et d'autres Congolais du Katanga furent conscientisés spontanément par le drame persécutoire que Lumumba et ses compagnons venaient de subir. Ils ont décidé de prendre les corps des défunts pour leur donner une sépulture et il n'était surprenant de voir ces caporaux et sergents-major se dire qu'aussitôt que les dépouilles seront abandonnés ou mis en lieu sûr, ils se saisiraient d'elles pour aller les enterrer décemment. Or, Gérard Soëte, Huyghens et Marlière parlaient swahili et lingala et au delà, le français, le flammand et le wallon. Ils donc compris ce qui allaient se passer. Comme ce cortège des tueurs avaient tout prévu, ils ont immédiatement fait mettre les morts dans le véhicule de la compagnie de boucherie et charcuterie "ELAKAT". Ce fut un de mes proches oncle qui conduisait cette auto dont le nom est Kasende K'Oyoko. Puis l'auto était dirigé vers la destination de l'Ouset de la ville vraisemblablement dans les entrepôt de l'UMHK (Union Minière du Haut-Katanga). En attendant, Gérard Soëte et Louis Marlière fabriquent une fausse tombe, celle pour laquelle, le lendemain on pointera du doigt pour dire que Lumumba et ses amis y étaient enterrés par les villageois.
Ceux qui ont voulu vivre leur deuil sans contrainte se sont exilés à l'intérieur du pays. Le point de convergence de ce rendez-vous d'élégie fut la ville de Kabinda alors qu'il s'étaient déjà tenus des deuils à Wembo Nyama, Katako-Kombe, Lubefu et Tshumbe. Nous avons vécu dans le mépris et confiné à taire le nom de Lumumba par l'injonction de notre propre gouvernement congolais. Ceci est un impair qu'il faille réparer, la République a commis cette faute pendant plusieurs décennies et ne s'est jamais excusé. Pire encore, l'Administration supérieur de la République Démocratique du Congo n'a jamais dédommagé la famille Lumumba alors que celui-ci a été livré injustement à la mort par l'État congolais. C'est un devoir de mémoire, pour nous qui lui sont proche, mais aussi pour tous les Congolais épris de justice d'exiger cette réparation-là et de faire enchâsser dans la Constitution les limites des injonctions de l'État contre les libertés et les droits fondamentaux des citoyens et leurs familles. Ici, je vois la souffrance infligée aux familles Bamba, Anany, Mahamba et Kimba et dont la progéniture et la descendance est en droit de demander réparation pour leur condamnation à mort, et surtout la privation des libertés par la RDC à ces familles de tenir deuil. Ce motif est suffisant pour être entendu à la Cour et pour être qualifié de dommageable. (DY